Prothèses Biocell d’Allergan : quel est le vrai risque de cancer après une augmentation mammaire ?
Cette nouvelle affaire des prothèses Biocell d’Allergan mise en lumière par le Dr Marinetti remet sur la table les peurs et le risque de cancer après pose de prothèses.
On a tout lu sur le sujet, mais il convient de prendre un peu de recul et de faire un point sur la réalité du lien :
Pose de prothèses -> Cancer du sein ?
Quels sont les différents types de cancers du sein ?
Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez la femme. Environ une femme sur 9 est atteint d’un cancer du sein avant l’âge de 75 ans. Il n’existe pas un seul, mais différents types de cancers du sein, le plus fréquent étant le carcinome du sein.
Les carcinomes du sein sont eux-même différenciés en carcinomes canalaires et carcinomes lobulaires.
Le carcinome du sein se développe le plus souvent à partir des cellules des canaux galactophores qui servent à conduire le lait jusqu’aux mamelons lors de l’allaitement. Il s’agit dans ce cas d’un carcinome canalaire.
Le carcinome du sein peut aussi se développer à partir des glandes lobulaires qui produisent le lait. On parle alors de carcinome lobulaire.
Il existe d’autres types de cancers du sein, beaucoup plus rares que les carcinomes mammaires : la maladie de Paget du sein, les sarcomes et les lymphomes du sein en sont des exemples.
Y a t-il un risque augmenté de cancer du sein avec les prothèses mammaires ?
Les prothèses mammaires, quel que soit leur type, n’augmentent pas le risque de carcinome du sein.
Un cas particulier de prothèses mammaires a été récemment mis en cause dans une très faible augmentation du risque d’un sous-type particulier de lymphome du sein, le lymphome anaplasique à grandes cellules (LAGC).
Quelles sont les prothèses mammaires mises en cause dans le lymphome du sein ?
Il existe différents types de prothèses mammaires utilisées pour une augmentation mammaire à visée esthétique ou pour une reconstruction mammaire après cancer.
Les prothèses mammaires peuvent être remplies de sérum physiologique ou de gel de silicone, et dans les deux cas, ces prothèses sont constituées d’une enveloppe périphérique d’élastomère de silicone. C’est l’enveloppe qui est ici mise en cause, pas le liquide qui rempli la prothèse, (contrairement au cas de l’affaire PIP).
Cette enveloppe peut varier selon les types de prothèses :
– elle peut être lisse au toucher, on parle alors d’enveloppe lisse,
– elle peut présenter des granulations plus ou moins fines : on parle alors d’enveloppe micro-texturée (pour les granulations fines) et d’enveloppe macro-texturée (pour les granulations plus épaisses).
Cette granulation, ou texturation, vise plusieurs objectifs : elle diminuerait le risque de contracture musculaire (coque) qui peut survenir après une pose d’implant ; et elle permet une meilleure adhérence de la prothèse aux tissus environnants ce qui l’empêche de tourner dans sa loge une fois mise en place.
Cette dernière propriété est spécialement recherchée avec les prothèses anatomiques qui ne présentent pas d’axe de symétrie : si des prothèses anatomiques tournent dans leur loge, la partie basse de la prothèse, plus bombée se retrouve en haut du sein, ce qui peut entraîner une déformation inesthétique du sein.
Pour cette raison, les prothèse anatomiques présentent toutes des enveloppes texturées pour éviter leur rotation. Les prothèses rondes peuvent présenter des enveloppes lisses ou plus ou moins texturées pour éviter le risque de coque.
Les prothèses mammaires mises en cause dans l’augmentation du risque de lymphome sont les prothèses mammaires à enveloppe macro-texturée.
On ne sait pas exactement encore ce qui crée cette augmentation de risque de lymphome : comme souvent dans l’apparition d’un cancer, c’est une association de facteurs de risques génétiques et liés à l’environnement qui serait à l’origine de ces lymphomes . L’hypothèse est que la macro-texturation de l’enveloppe créerait une inflammation des tissus autour de la prothèse, comme un effet velcro, chez des patientes présentant par ailleurs déjà des facteurs de risques génétiques au lymphome.
29 cas de lymphome anaplasique à grandes cellules (LAGC) ont été associés aux implants mammaires (esthétique ou reconstruction) entre juillet 2011 et juillet 2016. L’enveloppe était texturée pour 42 implants. Cette donnée n’était pas connue pour 12 implants. Les données relatives aux fabricants d’implants mammaires montrent qu’il existe un risque plus important de LAGC du sein avec les prothèses Biocell de la marque Allergan qui présentent une enveloppe très texturée.
Au final, il existe un risque clairement établi entre la survenue d’un lymphome LAGC du sein et le port de prothèses mammaires à enveloppe macro-texturée. La fréquence de cette complication est cependant très faible : le risque de lymphome associée aux implants mammaires est estimé à 1 pour 100 000. Ce chiffre est à comparer au risque de carcinome du sein dans la population qui est de 1 sur 9, que la patiente soit porteuse de prothèses ou non.
Comment savoir si je suis porteuse de prothèses Biocell d’Allergan ?
Après une opération de prothèse mammaire, toute femme doit se voir remettre une carte présentant les caractéristiques de l’implant : sur la carte qui vous a été remise figurent notamment le nom du laboratoire et le type de prothèse qui vous a été implantée.
Quels sont les signes d’un lymphome du sein ?
Les signes de cancer du sein sont les mêmes pour une patiente porteuse de prothèses mammaires que pour les autres femmes : les signes suivants survenant à distance de l’opération chez une patiente porteuse d’implant mammaire doivent alerter sur la possibilité d’un cancer du sein : liquide autour de la prothèse, augmentation de volume d’un sein, chaleur ou rougeur d’un sein, masse palpable dans le sein, ou ulcération de la peau.
Quelles sont les recommandations actuelles concernant les prothèses Biocell d’Allergan ?
Pour les femmes porteuses d’un implant mammaire sans signe clinique d’alerte au niveau des seins, il n’est pas recommandé de suivi particulier autre que celui qui existe pour toutes les femmes :
c’est-à-dire un examen clinique des seins tous les ans à partir de 25 ans et un suivi par mammographie tous les deux ans pour les femmes à partir de 50 ans (et au plus tôt à partir de 40 ans).
En l’état actuel, et compte tenu du risque très faible de lymphome, il n’est pas recommandé de retirer de façon systématique les prothèses texturées chez les patientes opérées et chaque professionnel doit faire au mieux son choix du type d’implant compte tenu des données scientifiques.
Le Dr Rossarie a choisi de ne plus poser de prothèses mammaires macro-texturées donc elle pose uniquement des prothèses mammaires rondes et à enveloppe lisse.
Y a t-il un rapport entre l’affaire PIP et l’affaire des prothèses Biocell d’Allergan ?
Il n’existe aucun lien entre ces deux affaires : l’affaire PIP était la conséquence de l’implantation frauduleuse d’un gel non homologué par le fabricant PIP à l’intérieur de ses prothèses. L’affaire Biocell d’Allergan est la conséquence d’une mauvaise tolérance de la texturation de certaines prothèses chez un très faible nombre de patientes. Les cas de lymphomes détectés ne sont pas liés, comme dans l’affaire PIP à des prothèses défectueuses.
Docteur Raphaële ROSSARIE
Spécialiste en chirurgie esthétique et médecine esthétique.
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